À huit heure mon réveil sonna, je le fit taire en tapant ma main dessus.
Puis je me levai, avant de me rendre compte que l'on était samedi.
Samedi, le jour où j'avais tout le temps de me lever. Le week-end
quoi. Je me leva donc énervée, je shouta dans le pied de mon lit,
puis j'hurlais vu qu'il était en feraille. La journée promettait d'être
mouvementée...
Je descendis donc à la cafétéria toujours en pyjama. C'est-à-dire,
toujours avec mes pantoufles roses avec pleins de poils, ma petite
tunique bariolée et un legging. Très sexy.
Bref, je descendis, je pris un plateau sur lequel je mis une salade de
fruit, et un verre de jus d'orange. Evidemment, je m'installa seule vu
que tout le monde avait pensé à éteindre son réveil. Enfin, pas tout à
fait seule ; j'étais assise à la table de jeunes matheux, qui devaient avoir
sauté au moins quatre classes. Mon petit-déjeuner fini, je remonta dans
ma chambre et me prépara. Je fis vraiment le stric minimum. J'enfilai un
jean et un tee-shirt, je me démêlais les cheveux et me brossa les dents.
Puis je pris mon classeur de biologie, et descendis à la bibliothèque
afin de commencer un devoir à rendre pour la semaine suivant.
Je n'ai vraiment pas l'habitude d'aller à la bibliothèque, c'est pour ça
qu'en arrivant la bibliothécaire me toisa, l'air de dire "Tu es nouvelle ?
Je ne t'ai jamais vue ici !". Pathétique. Soit, je m'installa à une table
avant d'aller chercher quelques livres. Je fis une pause à dix heure
avant de m'y remettre jusqu'à midi.

Je n'avais aucune envie de manger à la cafétéria, j'envoyai
donc un texto rapide à mes amies leur disant de ne pas m'attendre
ni me chercher ce midi, je ne serais pas là.
Ceci fait, je sortis de l'université et pris le premier bus. Le trajet
dura à peine un quart d'heure avant d'arriver à mon arrêt. Je
descendis donc et marcha jusqu'à Sunset Boulevard afin de grignoter
quelque chose. Je m'arrêta au premier stand et me pris une
salade que je mangea tout en marchant dans la rue. Vers une
heure de l'après-midi je commença vraiment à faire ce que
j'appelais du lèche-vitrine : je rentra dans absolument tous les
magasins, et essaya des tonnes de tenues.
Cela faisait environ deux heures et demi que je faisait ça,
lorsque en sortant d'un magasin, je commença à traverser la route, et
je vis une fille. J'avais déjà vu sa tête quelque part... Ah oui ! À
l'université évidemment !

Puis j'entendis un dérapage, des coups de freins, des cris,
puis je vis une voiture s'approcher à pleine vitesse, je regarda
la jeune fille qui me regardait elle aussi, puis tout
devint noir.

Je sus que je dormais, lorsque je commença à entendre des bruits
sourds, semblables à des voix. Je n'arrivais pas à comprendre ce que
tout le monde disait, je distinguait juste une grande effervescence
autour de moi. Je tenta de bouger, mais malgrès tous mes efforts,
rien en moi ne répondait. J'essayai de parler, mais ma bouche
n'obéissait pas. Je voulais crier, montrer que j'étais là, mais je
n'arrivais à rien. J'étais comme dans une bulle qui ne voulait
pas éclater.
J'essayai malgrès mon mal de crâne de me concentrer, et je
compris quelques bouts de phrases, tels que "bras cassé",
"traumatisme crânien", "coma artificiel". Cela me calma tout
de suite, et je me rappela. La traversée de la route. La voiture
qui arriva à pleine vitesse. Le regard avec la fille de l'université.
Des cris. La voiture qui nous percuta. Des maux insoutenables
dans tout mon corps. Puis du noir. Et rien du tout. Je compris.

Je voulais à tout prix montrer que j'étais là, je rassembla tout
mon courage, fis un effort colossal, et bougea mon index.
J'entendis un cri qui semblait venir de ma mère : "Elle bouge !
ELLE BOUGE ! Son doigt, il a, il a boug-g-gé !!".
Puis, lentement mais sûrement, j'ouvris les yeux.
Je vis ma mère en pleurs se pencher vers moi, ainsi que des
amies qui étaient accoudées à mon lit d'hôpital.
Je demanda doucement ce qui s'était passé, puis chacune
leur tour, raconta un passage de l'accident. Cela faisait
donc 5 jours que j'étais dans le coma artificiel, j'avais eu
un traumatisme crânien, le bras cassé et ma mère avait
porter plainte contre le conducteur de la voiture.

Lorsque je tourna la tête vers la droite, j'aperçus la fille
qui était avec moi sur la route à ce moment là. D'après
ce que j'entendais, elle venait de se réveiller, et souffrait
à peu près des même problèmes que moi.

J'étais fatiguée. Extrêmement fatiguée. Ma mère vit mes
yeux se fermer tout seuls et me dit d'une voix douce
"Dors ma chérie, ne t'inquiète pas, dors."
Et je sombra.